Ce qui m’enchantait dans la contemplation des maquettes, comme aussi
bien doit être enchanteur de contempler depuis une montgolfière le
croissant de la petite ville en se tenant juste au-dessus de la ville de
Chenevelle, c’était de voir rendu sensible par le moyen de la réduction
d’échelle, comme ici ce serait par celui d’une légère altitude,
d’éprouver ce qui dans le désir d’habiter tient au désir de la
permanence, au désir d’installer à demeure dans l’espace une poche qui
ignore le temps destructeur. Car habiter quelque part, ce n’est pas
seulement occuper un logis, habiter c’est être mis en sûreté, séjourner
dans ce qui vous ménage, vous permet de prendre la mesure de l’étendue
de ce que vous êtes, vient le revêtir d’une forme, c’est ménager ce qui
dure, ce qui s’élargit en vous dans la durée par les perspectives
qu’ouvre devant soi la stabilité du temps, c’est ainsi vaincre le temps
destructeur, s’installer dans la permanence d’une forme.
Jean-Paul Goux " L'ombre s'allonge" ( Actes Sud 2016)
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